lundi, juin 13, 2005

Le Dossier Margueritte

Il parait que dans chaque entreprise il y a un cas à part. Une anomalie, quelqu’un dont tout le monde se demande : « Mais pourquoi n’a-t-il toujours pas été viré ??? »
Et bien, chez moi, c’est pareil. Certes on cumule un peu mais ce cas est tellement flagrant que je ne peux pas ne pas en parler.
Ainsi, j’ai une collègue, que nous nommerons Margueritte,
Margueritte est mère célibataire et s’occupe toute seule de ses deux filles. Elle a plein de problèmes qu’elle aime bien partager au détour d’un couloir ou à la machine à café.
Bref, la vie de Margueritte, c’est pas rose et à l’écouter, on se dit que le sort s’acharne contre elle et qu’elle a bien du courage.
Mais voilà… Après, il y a la réalité.
Margueritte va donc vous expliquer que là où elle vit, c’est quand même super dur. Surtout à cause de tous ces « bronzés » car comme elle dit, « «ces gens là, y sont pas comme nous ».
Ensuite, vu qu’une de ses spécialités n’est autre qu’assigner ses voisins au tribunal (elle déménage tous les six mois mais à chaque fois, pas de chance, des voisins bruyants !!! Quand je vous dis que le sort s’acharne…), elle envoie au frais de l’entreprise une petite quinzaine de recommandé par mois.
Ma direction m’est tombée dessus il y a pas longtemps à propos des notes de courrier trop élevées. J’ai fait part du problème mais on m’a expliqué que ce n’était pas à moi de faire la police. Très bien très bien…
Margueritte, qui décidément n’a pas de chance a ses parents qui vivent à Tahiti. C’est dur de vivre sans ses parents, surtout quand on a la quarantaine. Alors, chaque jour, elle les appelle depuis son poste de travail. Certes, pas trop longtemps, juste une vingtaine de minutes, car elle n’a pas que ça a faire, elle doit aussi appeler la mairie, le tribunal et autre pour savoir pourquoi sa plainte concernant ses voisins n’a toujours pas aboutie et pourquoi ceux-ci n’ont pas encore été raccompagnés à la frontière.
Chaque soir, étant donné que la vie est dure, Margueritte s’en va de bonne heure mais non sans avoir volé une bouteille d’eau et une à deux fois par mois un énorme rouleau industriel de papier toilette. Inutile de vous dire qu’avec tout ça, Margueritte s’est fait pleins d’amis au sein de l’entreprise.
Un jour, son chef de service la convoqua à propos de tout ça. Elle sortit du bureau en larmes en expliquant à qui voulait l’entendre que « c’était déguelasse tout ces gens qui dénonçaient les autres… »
Donc, depuis quelques temps, Margueritte a décidé qu’il fallait arrêter d’être cool.
Elle partage son bureau avec une collègue. Et dernièrement, elle ne laisse plus rien passer.
Ainsi quand sa voisine téléphone, elle lui fait remarquer que ça la dérange et qu’elle pourrait passer ses coups de fils perso ailleurs. (on croit rêver…)
Et vendredi dernier, alors que sa voisine s’était absentée sans rien dire, elle a décidé qu’il était quand même important d’aller signaler l’absence au DRH, car « il n’y avait pas de raisons qu’on n’enlève pas un demi Rtt à sa collègue. »
Voilà voilà.
Il est quand même rassurant de voir que la technique des innocents aux mains pleines fonctionne encore par moment et que le français délateur, bien que discret est un créneau qui carbure toujours à plein régime.
Et ceux qui me rétorqueraient que cet article n’est autre que de la délation, je répondrai que ce n’est qu’un constat car je ne cite aucun nom.

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